Généthon renforce sa collaboration avec la société de biotechnologie américaine Sarepta Therapeutics pour le développement de son produit de thérapie génique pour la myopathie de Duchenne. Après un premier accord en 2017 visant à finaliser le développement pré-clinique, le nouvel accord ouvre la voie à un essai clinique pour 2020.
Les chercheurs de Généthon, en collaboration avec l’équipe du Pr George Dickson (Université de Londres), ont conçu une thérapie génique associant un vecteur viral de type AAV et une micro-dystrophine. En effet, le gène de la dystrophine a la caractéristique d’être l’un des plus grands de notre génome (2.3 millions de paires de bases dont plus de 11000 sont codantes). Du fait de cette taille, il est techniquement impossible d’insérer son ADN complet dans un vecteur viral, comme cela est habituellement fait pour la thérapie génique. Les chercheurs ont donc développé une version raccourcie du gène de la dystrophine, la micro-dystrophine, qui permet de produire une protéine fonctionnelle.
Cette technologie innovante a démontré une efficacité significative chez des chiens naturellement atteints par la myopathie de Duchenne, avec une restauration significative de la fonction musculaire et une stabilisation des symptômes cliniques.
En savoir plus sur la myopathie de Duchenne
Sur la base de ces résultats, Généthon, le laboratoire de l’AFM-Téléthon, et Sarepta Therapeutics avaient initié une collaboration en 2017. Une nouvelle étape a été franchie en janvier 2020 avec l’annonce d’un accord entre les deux laboratoires pour co-développer le programme clinique de thérapie génique utilisant la micro-dystrophine mise au point par Généthon. Ce partenariat assure à Généthon la collaboration d’un acteur majeur des thérapies innovantes pour la myopathie de Duchenne et des moyens financiers pour mener la phase clinique en Europe. La société américaine mène, en effet, plusieurs programmes complémentaires (oligonucléotides antisens et thérapie génique) pour cette maladie dont un essai de thérapie génique actuellement en cours aux Etats-Unis. Cet essai concerne également une micro-dystrophine associée et un vecteur différents de ceux développés par Généthon. L’accord prévoit notamment pour Généthon la responsabilité de commercialiser le produit en Europe (hors Angleterre) et pour Sarepta dans le reste du monde.
C’est YposKesi, la plateforme industrielle de production et de développement de médicaments de biothérapies innovantes, qui sera en charge de la production des lots cliniques et, à terme, des lots commerciaux à grande échelle. Pour répondre à ces besoins, le site, aujourd’hui l’un des plus grands en Europe, devra augmenter sa capacité de production et accroître le volume de ses bio-réacteurs.
« Cette technologie de pointe très complexe est le fruit d’années de recherche et développement qui repose sur l’expertise des chercheurs de Généthon, pionnier dans le domaine de la thérapie génique pour les maladies rares. Associer cette approche prometteuse, qui s’adresse à la majorité des patients Duchenne, au savoir-faire de notre partenaire Sarepta est une nouvelle chance pour les malades. Nous venons de démarrer une étude clinique de pré-inclusion des patients (étude « baseline ») pour permettre d’évaluer précisément l’efficacité du produit. C’est une avancée très concrète vers l’injection du premier patient avec le produit dans les prochains mois. » déclare Frédéric Revah, CEO de Généthon.
7 autres produits issus de la recherche menée à Généthon, seul ou en collaboration, sont aujourd’hui en essai clinique à travers le monde et plusieurs autres sont en phase de préparation aux essais cliniques pour 2020 et 2021.