Progeria : découverte d’une piste thérapeutique à I-Stem

L’équipe de Xavier Nissan a identifié un nouveau composé chimique qui ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques pour la progeria, et qui pourraient intéresser également d’autres maladies fréquentes.

Reportage au sein du laboratoire I-Stem, laboratoire de recherche et de développement dédié aux cellules souches pluripotentes humaines

Xavier Nissan au laboratoire I-Stem, laboratoire de recherche et de développement dédié aux cellules souches pluripotentes humaines

Grâce à un criblage inédit, l’équipe de Xavier Nissan de l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques (I-Stem) vient d’identifier un composé susceptible de traiter la progeria, une maladie génétique rare entraînant un vieillissement prématuré.

Une première à plus d’un titre.

L’étude a été menée grâce à des cellules pluripotentes induites (ou iPS) malades, des cellules adultes “rajeunies” qui se comportent comme leurs homologues embryonnaires humaines. Or, l’obtention d’une telle lignée est un exploit en soit car « jusque-là, les modèles cellulaires de cette maladie présentaient une sénescence réplicative [c’est-à-dire qu’ils ne pouvaient pas se répliquer à l’infini, ndlr.], ce qui empêchait tout criblage de molécules » précise Xavier Nissan.

Une fois cette lignée “éternelle” disponible, l’équipe d’I-Stem a pu différencier ces cellules iPS en cellules osseuses et en vaisseaux sanguins, deux des tissus les plus touchés par la maladie.

Puis, il a fallu tester près de 22 000 composés. Là encore, c’était un vrai défi. « C’est la première fois qu’un criblage à haut débit aussi important est effectué sur des cellules iPS malades » complète le chercheur. Au final, trois composés se sont révélés efficaces à des doses thérapeutiques non toxiques. « Nous les avons appelées mono-aminopyrimidines (mono-APs), indique Xavier Nissan. « Nous avons ensuite identifié leur mécanisme d’action, ». Et il se trouve que « les mono-APs empêchent aussi la farnésylation d’oncogènes [des gènes impliqués dans les cancers, ndlr.]. Ils pourraient donc être utilisés en remplacement des inhibiteurs de la farnésylation actuellement à l’essai dans le traitement de certaines leucémies, souligne-t-il. Autrement dit, il s’agit là d’un exemple supplémentaire montrant que la recherche sur une maladie rare peut aussi ouvrir des pistes thérapeutiques pour des pathologies beaucoup plus fréquentes. »

Un article détaillé concernant ces travaux sera publié dans le VLM n°176 disponible courant Mars 2016.